L’un des forums où je traîne actuellement a développé une idée de concours. Celle ci n’est pas sans rappeler les défis que les adolescents (dont j’étais) se jetaient avant d’entrer en salle de devoir surveillé.
Ainsi, l’une de mes grandes victoires personnelles de l’époque fut d’intégrer sous des dehors innocents les mots « mouton », « puit », « tondeuse », « champagne » et « marsupilami » à une dissertation de philo. Inutile de préciser que ma quête de reconnaissance fut grandement satisfaite après cet exploit (et que le repas au resto offert collégialement par mes rivaux passât pour l’un des meilleurs de ma courte vie).
Seulement voila ; à l’époque mes écrits, quoique d’apparence correcte à mes yeux, ressemblaient pour mes prof à des essais de grammaire proustienne avec orthographe surréaliste ; voire à de pures merveilles d’amphigouri démonstratif. En gros tout propos même correct se perdait dans une syntaxe sans ponctuation et une orthographe apocalyptique. Il en résultait une bouillie épaisse où surnageaient quelques idées bien intelligentes et l’esquisse d’un style trop brouillon.
C’est à se demander comment j’ai survécu jusqu’au bac littéraire en obtenant (en plus) de bonnes notes. Car il demeure des souvenirs de rendu de copie où l’on me reprochait presque « obstinément » mon style fangeux et mon orthographe personnalisée.
Il faut dire que mes goûts de lecture ne m’encourageaient pas à la simplification du style d’écriture. Si l’on m’avait demandé de choisir des parrains de plume j’aurais sans honte convoqué Hugo, Stendhal, Zola, Voltaire et autre ténors à la plume traînante et au propos désormais désuet. Il s’en fallut d’ailleurs de peu que je révolutionne la poésie avec une espèce de mixture gluante mélangeant les pulsions morbides de Mallarmé, la folie égotique de Baudelaire et le stupre huppé de Sade.
En même temps, à nous faire étudier Apollinaire on se prenait tous pour de grands esprits torturés auquels il fallait un peu de luxure et de révolte pour expulser une prose propre à révolutionner le siècle qui nous avait vu naître. Et je ne parlerai même pas de la folie qui me prit quand je découvris le romantisme allemand et les écrits gothiques de Lewis. Le public a sans aucun doute échappé à une œuvre grandiose… complètement illisible et insipide
Bref, pour en revenir au concours il suffit de se rendre sur cette page pour découvrir les 3 mots désuets qu’il faut intégrer dans une note.
Comment ça j’abuse sur cette note?
Ai-je dit que j’avais réussi à exorciser cette manie d’écrire des tartines? ]:-)
Magnifique billet, merci !!
Très bien intégré les 3 mots! Bravo !
J’aurai bien aimé voir la tête de ta dissert avec ces 5 mots LOL