Bien qu’étant une très grande consommatrice de produits bio et éco-conçus, je n’ai jamais fait le lien entre certaines marques et leur région d’origine. Après ce week-end à la rencontre des acteurs de l’économie bio en Ardèche, j’ai pris conscience que ceci est à la fois une affaire de terroir et de volonté individuelle de s’impliquer. Ainsi, si l’Ardèche est un département aussi impliqué dans l’économie verte, cela tient à son contexte environnemental préservé d’une part, et à l’impact qu’a celui-ci sur les entrepreneurs locaux.
Certaines marques locales ont plus de 15 ans d’existence et sont à l’origine d’innovations qui nous paraissent allant de soit, comme la holding Euro Nat (qui sert d’exemple régional) qui est à l’origine de l’introduction du quinoa en Europe (par sa filial Priméal). D’autres sociétés locales se sont orientées vers le bio car leur petite taille les oblige à se démarquer vers une qualité qu’ils n’entrevoient que dans le bio (le panier du maraîcher par exemple qui se voit récompenser aujourd’hui par une distribution dans les épiceries fines de la capitale).
Présentation de la marque ardéchoise « le panier maraîcher »
Cette implication dans la préservation et l’utilisation des ressources naturelles est d’ailleurs tangible à toutes les échelles humaines du département. Ainsi c’est en Ardèche qu’on retrouve les premiers projets aboutis d’habitations particulières en éco-construction (à la fin des années 80). Les collectivités territoriales sont aussi parmi les plus impliquées dans les équipements collectifs responsables (chauffages collectif aux bois et géothermie).
Mais ces implications de l’agriculture et du business bio ne seraient rien s’il n’y avait pas derrière des histoires humaines qui mêlent la réussite économique et humaine.
J’ai été particulièrement séduite par la success story de la créatrice d’Anakae (site). Une ancienne régisseuse télé qui décide de couper court à sa carrière trépidante pour recentrer sa vie sur une existence en accord avec ses dispositions et ses attentes. En conjuguant son goût pour les cosmétiques et le rythme tranquille de la vie à la campagne elle s’est lancée. Et aujourd’hui elle est à la tête d’une petite entreprise de cosmétiques au lait d’ânesse qui mêle le respect de la vie animal, du rythme de vie ardéchoise et la production de produit bio de très grande qualité. La reconnaissance est là puisque sa gamme se démarque du marché actuel avec une très forte teneur en lait et une proportion d’ingrédients bio bien plus élevée que chez la concurrence. D’ailleurs j’ai tellement accroché que je suis repartie avec des produits 😉
Il y a un autre trait de caractère que je trouve très attachant chez les producteurs bio que nous avons rencontré lors de ce week-end, car si le bio est le caractère qui les rapproche, ils sont surtout nombreux à replacer l’échelle humaine au centre de leur entreprise. En rencontrant les vignerons du domaine des Miquettes, c’était d’autant plus visible qu’ils ont créé une association loi 1901 pour permettre à chaque adhérent de découvrir la vie d’un domaine, la récolte à la main et la pressure à l’ancienne. Pour ne pas céder au « business », pour partager, pour profiter et pour s’apporter les uns aux autres.
Paul Esteve du Domaine des Miquettes et Karine Gambier d’Anakae sont des personnalités qui savent faire s’intéresser à leurs produits par leur éthique et leur façon de voir les choses (comme si les produits ne se suffisaient pas à eux mêmes)
En somme, si l’Ardèche est un département modèle dans l’économie verte, c’est avant tout parce que le pragmatisme local a permis de ne pas s’oublier dans le développement. Et si la réussite est là aujourd’hui, c’est parce que la sincérité des engagements a permis de conserver l’authenticité dont le public est aujourd’hui demandeur.
Crédit photo (de tout l’article) : Christophe Gressin